SOITEC : LA CASSE SOCIALE CONTINUE DANS LA PLUS GRANDE INDIFFERENCE

En un an à peine, plus de quatre cents postes ont été ou seront supprimés au niveau du groupe Soitec. En France, cette casse sociale s’élève à 230 CDI et à plus d’une cinquantaine de CDD. Six mois à peine après la fin du précédent PSE signé par notre syndicat et censé pérenniser les emplois sur le site de Bernin (Isère), nous souhaitons par ce communiqué de presse exprimer notre colère, notre perte de confiance vis-à-vis de la direction et faire enfin réagir l’Etat actionnaire principal de Soitec.bateau

Soitec Bernin : ses trois PSE en quatre ans et sa politique RH

  •  Suite à ces nombreux départs, nous alertons l’Etat concernant la perte de savoir faire qui menace le fonctionnement du site, les projets clés dont le FDSOI et donc l’avenir de l’entreprise.
  • Les conditions et l’ambiance de travail se sont fortement dégradées avec la diminution de l’effectif et le recours au chômage partiel massif financé par le contribuable depuis de nombreux mois (certains services actuellement subissent une semaine de chômage roulant par mois).
  • Depuis 2009, nous observons une explosion de la masse salariale « par le haut » avec un nombre de cadres dirigeants et des rémunérations disproportionnés par rapport à la taille du groupe et surtout à ses résultats : en particulier celles de nos deux mandataires sociaux. Les employés de Soitec ne supportent plus de voir qu’il existe aujourd’hui deux poids, deux mesures entre leur situation et celle des hautes strates trop garnies de notre société.

    partage
  • En parallèle la communication (interne & externe) fonctionne à plein régime et fait de Soitec une boite socialement « vertueuse » à la pointe de l’ « innovation sociale » entre les Mises A Disposition de personnel (MAD) et sa politique « exemplaire » pour la diversité. Nous aurions nous aussi bien des choses à dire sur ces sujets et plus globalement sur la politique RH à Bernin (perte d’acquis sociaux, licenciements abusifs, individualisation à outrance au détriment du collectif de travail, moyens des représentants du personnel et des syndicats dérisoires…), les derniers jugements prud’homaux  sont là pour en témoigner…

La stratégie et les pratiques de notre direction

  • Alors que les mauvais résultats s’enchaînent depuis plusieurs années, nous estimons que la direction a manqué d’anticipation concernant l’évolution du marché du semi-conducteur (difficultés chroniques d’AMD notre client principal, stagnation puis chute de la vente des PC au profit des tablettes) et s’est ainsi entêtée à conserver un site de production fonctionnant au ralenti depuis sa création à Singapour en 2008.
  • La pérennité du site de Bernin passe par la réussite du produit FDSOI. Or malgré les alertes des syndicats CGT de nos sites respectifs (STE / ST Grenoble & Crolles / Soitec) suite au démantèlement de STE, le discours de notre direction a toujours consisté à nier l’évidence : un coup d’arrêt concernant l’adoption à court terme du FDSOI. Les 90 postes supprimés aujourd’hui sont directement liés à cette annonce. Nous nous réjouissons bien entendu que l’ensemble des emplois de nos collègues de STE France aient pu être sauvés, par contre la situation est tout autre chez nous…
    c'est moi le patron
  • L’état actuel de la trésorerie et les besoins de financement du solaire en particulier ne permettent plus d’investir sereinement sur notre secteur clé en France à savoir la microélectronique. En effet alors que des contrats ont été signés et que de réelles opportunités existent sur des technologies « relâchées » dans le domaine de la RF et de la puissance (téléphonie mobile, automobile…), il faudrait aujourd’hui pouvoir ré-investir afin de promouvoir ces produits reconnus pour leurs performances et adoptés par des acteurs clés du secteur. Or les réductions de coût actuelles constituent un  véritable obstacle à toute stratégie volontariste sur cette activité.
  • Nous sommes convaincus du potentiel de la division Solaire et de sa technologie CPV (solaire à concentration). En effet les derniers résultats obtenus par nos équipes et nos partenaires sur la « Smart Cell » sont prometteurs (record mondial d’efficacité). Toutefois Soitec doit rester sur son cœur de métier à savoir l’innovation dans le domaine des matériaux. En effet la situation actuelle est très compliquée pour le groupe qui doit financer la majeure partie de ses centrales dans un contexte difficile sur un secteur de l’énergie ultra concurrentiel. Plusieurs dizaines de millions supplémentaires (non prévus initialement) viennent d’ailleurs d’être octroyés à cette division. De plus, malgré la signature d’un contrat de 155 MW aux Etats-Unis avec l’installation d’une usine à San Diego, le projet est au point mort depuis de nombreux mois faute de financement. A noter qu’initialement le début des travaux était planifié pour début 2013 et devait se terminer en 2015. Notre inquiétude est donc plus que légitime alors que les entités « microélectronique » et « solaire » viennent d’être séparées juridiquement. Dans quel but ? Assistons-nous au début d’un éventuel démantèlement du groupe ?

Le syndicat CGT Soitec et le cabinet d’accompagnement du CE (SECAFI) considèrent que cette activité doit être menée dans le cadre d’un partenariat durable avec un acteur européen clé du secteur de l’énergie pour sécuriser l’activité solaire.

  • La stratégie faite d’aller-retours depuis des années concernant l’éclairage (LED) pose également question alors que cette activité consomme beaucoup de trésorerie et qu’aucun produit développé en interne n’est aujourd’hui commercialisé par Soitec. Le retour sur investissement de cette activité semble à ce jour très peu probable.
  • Nous estimons d’autre part que certaines décisions telles que le rachat de la société Altatech dans des conditions très discutables (PDG de Soitec coactionnaire principal et donc bénéficiaire du rachat) ne sont pas acceptables. Plus de quinze millions d’euros ont ainsi été déboursés pour une société qui n’en valait que trois à sa création et dont les résultats sont encore loin des prévisions présentées au CE. Ensuite le maintien de plusieurs projets en mode « incubateur » qui ne sont que des centres de coût tels que Plug & Sun dans un tel contexte particulièrement difficile est également incompréhensible.
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Plutôt que de menacer ses salariés de licenciements par désignation, notre direction devrait plutôt privilégier les réductions de coût sur ce type de projets aux perspectives très incertaines pour recentrer Soitec sur son cœur de métier.

L’Etat doit enfin sortir de son silence et siffler la fin de la récréation !

  • En effet en tant que premier actionnaire (13% du capital via le FSI et la Caisse des Dépôts et Consignations) qui subventionne une partie significative de la R&D de Soitec (OSEO, Crédit Impôt Recherche…), l’Etat présent au Conseil d’Administration doit obtenir une réorientation de la stratégie du groupe et travailler avec les « partenaires sociaux » pour éviter les licenciements annoncés par la direction.
  • Nano 2017

Alors que 1,1 milliard d’euros [de l’Etat, des collectivités et de l’Europe] sont prévus pour subventionner ST Microelectronics et le CEA dans le cadre de Nano 2017 dont une grande partie des fonds prévue pour développer la technologie FDSOI, aucune aide directe n’est annoncée pour Soitec pourtant principal fournisseur de ce substrat. La CGT Soitec avait d’ailleurs directement interpellé les élus du Conseil Général de l’Isère lors de l’intervention de Monsieur Hartmann (ST) et Monsieur Therme (CEA) sur le sujet. Sans suite…

  • A quoi sert le Comité Stratégique de Filière (CSF) Microélectronique mis en place par l’Etat ?

C’est la question que notre syndicat se pose légitimement aujourd’hui alors que la situation de Soitec se dégrade très rapidement et que ces réunions n’abordent jamais les problèmes structurels d’une filière sinistrée (Freescale, Atmel, Alcatel, STE…). Ces rencontres servent principalement à présenter des projets censés faire de Grenoble une vitrine du secteur et ainsi rendre la filière française attractive. Au-delà de l’autosatisfaction ambiante régnant lors de ces réunions, loin de la réalité du terrain et des faits, nous sommes plus que perplexes sur la portée réelle d’une telle stratégie alors que l’outil industriel n’est pas sécurisé et que les PSE se suivent. Malgré nos alertes répétées tout au long de l’année 2013 auprès des conseillers des cabinets de F. Hollande, A. Montebourg et G. Fioraso, rien n’a été fait pour éviter la situation actuelle pourtant très prévisible et annoncé par la CGT. Nous insistons également sur le fait que ces subventions sont trop souvent accordées à perte sans contrepartie concrète sur l’emploi (cf. bilan Nano 2012).

CONCLUSION : la microélectronique, un secteur stratégique ?

Alors que les Etats-Unis et l’Asie (Corée du Sud, Taiwan, Chine…) interviennent sans relâche pour soutenir leurs filières microélectroniques respectives, l’Europe et la France ont tardé à agir et les destructions d’emplois se succèdent. En continuant sur cette logique de « renoncement productif », la technologie prometteuse FDSOI issue d’un partenariat européen historique (CEA, ST, Soitec) pourrait voir le jour sans Soitec un des acteurs clés de ce projet ambitieux ou même ne pas voir le jour du tout !

Pour toutes ces raisons, la CGT Soitec, syndicat majoritaire sur le site de Bernin, sollicite les représentants de l’Etat au FSI et le ministre du redressement productif pour obtenir au plus vite une rencontre. Il est urgent de trouver une solution à cette situation inacceptable et en complète contradiction avec les discours de nos responsables politiques sur la filière microélectronique et ses soi-disant «  pôles d’excellence ».

Sécuriser l’outil industriel et les postes à Soitec doit être notre priorité à tous !

Le syndicat CGT Soitec

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Une réaction

  1. Merci à vous de l’effort employer pour la sauvegarde de emploi et des fermeture des filiale de soitec entre la fermeture de pasiris et peut être Paris sud l’état doit quand s’inquiéter

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