École de Formation de Techniciens Supérieurs

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Appel à projet en direction de tous les acteurs de la filière

Malgré la situation macroéconomique actuelle dégradée, notre secteur d’activité continue d’être en pleine croissance, en particulier au sein de l’écosystème grenoblois. Ainsi ST Microelectronics investit massivement pour doubler sa capacité de production en 300mm et notre entreprise vient d’annoncer officiellement la construction de Bernin 4 dédié au SiC après une année record.

Des centaines d’emplois vont devoir être créés dans un contexte de pénurie de compétences. Ainsi les métiers de techniciens de salle blanche que ce soit en maintenance ou en process vont être particulièrement sous tension. Les besoins annuels sont évalués à 200 emplois autour de Grenoble et à plus du double à l’échelle nationale, car au-delà des besoins liés aux nouvelles capacités de production installées, des centaines de techniciens terminent leur carrière au sein des grands acteurs de la filière (ST Micro, E2V, Thalès, CEA ou chez les équipementiers).

Forte de ce constat, chaque entreprise essaie de trouver SES propres solutions pour répondre à SES besoins au lieu d’envisager une stratégie concertée et de mutualisation. Notre Direction a ainsi choisi de privilégier un partenariat directement avec l’IUT1 de Grenoble pour bénéficier en priorité d’un “vivier” de jeunes alternants ce qui est une bonne chose mais qui ne permettra pas de faire face durablement à la situation.

Alors que la CGT Soitec pousse depuis des années pour développer une vraie filière d’évolution des opérateurs vers des postes de techniciens et ainsi valoriser nos compétences internes, la Direction se contente aujourd’hui d’une solution au rabais… En effet, en contrepartie de l’accueil de ses alternants, l’IUT1 s’engage à former seulement six opérateurs cette année à condition qu’ils aient les prérequis pour suivre les modules proposés. Là ou le bât blesse c’est que cette reprise d’étude ne sera ni qualifiante, ni diplômante. Enfin, comme d’habitude, les critères de sélection des opérateurs seront opaques (pas d’ouverture à candidature en interne) et à la seule discrétion de notre employeur, là où nous demandons un processus d’évolution clair, ouvert à tou·te·s et basé sur des critères objectifs.

Au-delà de cette situation propre à Soitec, nous n’acceptons pas de faire courir ce risque réel de pénurie de main-d’œuvre à notre filière alors que des aides financières publiques majeures sont accordées à tous les niveaux (Europe, Etat, collectivités) et ceci uniquement à cause de l’incapacité actuelle de nos entreprises à mutualiser leurs efforts et à se projeter à long terme. Nous savons que des discussions ont (enfin) débuté en catimini entre la direction de Soitec et de ST Microelectronics sur le sujet. Afin d’éviter que cette initiative n’accouche d’une souris, la CGT SOITEC souhaite s’inscrire dans une démarche constructive et volontariste afin de trouver ensemble les solutions à même de répondre aux besoins de notre industrie.

Pour toutes ces raisons la CGT Soitec, appuyée par d’autres syndicats d’entreprise et des structures CGT territoriales ou professionnelles, multiplie les interventions auprès des collectivités, des directions d’entreprise, des acteurs de la formation afin de créer une école de formation de techniciens supérieurs de la microélectronique. Cette école proposerait un cursus classique en formation initiale pour les étudiants mais également de la formation continue ouverte aux opérateurs, techniciens en poste et aux personnes en reconversion professionnelle afin de leur permettre d’acquérir un diplôme à BAC+3, à savoir un Bachelor Universitaire de Technologie (BUT). Dans le cadre d’un partenariat public/privé, les différents modules dispensés seront construits pour acquérir à la fois des savoirs théoriques et académiques mais également pour bénéficier d’une formation professionnelle et pratique poussée au plus près des besoins des entreprises [accès à une infrastructure salle blanche dédiée].

Cette école de formation de techniciens participera à créer plus d’attractivité vis-à-vis des filières techniques et en particulier de la filière électronique qui en a bien besoin : jeunes, femmes, privés d’emploi, salariés déjà en poste… En parallèle, cela passera nécessairement par une meilleure reconnaissance de la qualification acquise et par de meilleures conditions de travail via un dialogue social de qualité dans nos entreprises.

Depuis des années nous dénonçons la politique RH de Soitec qui consiste à présenter le passage en tant qu’ingénieur comme étant la seule voie envisageable pour les techniciens souhaitant évoluer. Même si réaliser une telle charte d’évolution peut être un choix de carrière judicieux pour certains, il est urgent de revaloriser le métier de technicien qui est primordial au sein d’une industrie comme la nôtre avec des fonctions support, de la R&D et de la production. C’est pourquoi nous souhaitons également agir par le biais de la nouvelle classification de la métallurgie pour rendre le métier de technicien plus attractif à Soitec avec des perspectives significatives d’évolution et d’épanouissement.

Pour conclure, nous en appelons à la responsabilité des acteurs de la filière, des politiques et des différents syndicats de salariés, toutes étiquettes confondues, pour commencer à construire ensemble et dès à présent une telle école qui s’inscrit parfaitement dans les efforts actuels liés aux enjeux de réindustrialisation et de souveraineté autour de notre filière tout en intégrant une dimension sociale forte.

« Investir des milliards d’euros ne suffira pas, si l’investissement sur l’Humain ne suit pas… »

Vos élu·e·s CGT SOITEC, le 30 mai 2022

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