Une fois n’est pas coutume, nous profitons de notre CURRENT pour pousser “un coup de gueule” suite à la dernière réunion consacrée aux actions gratuites. A noter que ce temps a également permis d’initier très rapidement la négociation sur le prochain accord d’intéressement (durée : 3 ans).
Pour rappel, c’est la troisième fois que les organisations syndicales et la direction se rencontrent afin d’échanger sur la mise en place d’un plan annuel d’actions gratuites pour l’ensemble des salariés. Cette discussion a été initialement permise par l’intervention de nos représentants CGT SOITEC au Conseil d’Administration suite à la mise en place du plan ONYX 2 ci-dessous pour une soixantaine de cadres et de “key people” de SOITEC. Attention ça décoiffe !!!
– Directeur Général ⇒ 300% de sa rémunération fixe annuelle (= 550 000 euros / an ⇒ jusqu’à 1,5M€ en actions)
– COMEX ⇒ 200% de leur salaire de base (moyenne de la rémunération brute TOTALE d’un membre du COMEX en FY21 : 430 000 euros par an incluant leur Prime sur Objectifs [PSO])
– Senior director et vice président ⇒ 100% de leur salaire annuel de base
– « Key people » ⇒ 25% de leur salaire annuel de base (une cinquantaine de personne)
Ce plan distribué chaque année est basé sur des objectifs de performance au périmètre de l’entreprise (idem PAT 3). Il est déjà en place pour l’année en cours au bénéfice de cette seule population alors que rien n’a été prévu pour nous, les autre salariés, et il est censé être reconduit chaque année…
Les ordres de grandeur sont juste ENORMES (…), imaginez-vous pouvoir toucher tous les ans trois fois votre salaire annuel sous forme d’actions… Le gavage continue ! Officiellement il nous est rétorqué que des cabinets privés ont validé le benchmark. Au vu des derniers scandales d’Etat, pas sûr que cela soit de nature à nous donner confiance…
Nous imaginons bien que le fait d’accorder un plan d’actions pérenne aux salariés, au-delà de l’aspect reconnaissance, a également pour but de nous détourner de ce qui se passe en haut de notre pyramide hiérarchique (rappel : MIP vs PAT1/2/3). Forcément, à la CGT SOITEC, on voit le mal partout…
Au début de cette réunion, la Direction était bien obligée de faire le même constat que nous : lors des deux précédentes réunions ces échanges n’ont pas avancé pour cause de divergence sur les dispositifs à adopter mais surtout sur la répartition de l’enveloppe (cf. notre tract du mois d’avril).
Première information, après avoir annoncé que le dimensionnement d’un tel plan se situerait entre 1 et 2 mois de salaire, la direction ne parle aujourd’hui plus que d’1 mois. Ensuite cette dernière et la CFE-CGC persistent et signent, leur objectif est de partir sur un plan d’actions gratuites (type PAT) avec une distribution 100% au salaire.
Concernant cette répartition la CFE-CGC a appuyé d’entrée son argumentaire par une déclaration écrite pointant la nécessaire “reconnaissance du mérite” comme si ce fameux mérite était purement proportionnel au niveau de salaire de chaque salarié.
Grosso-modo, plus on gagnerait, plus on mouillerait le maillot et on serait performant. Vous êtes sûrs Camarades ?! 🙂
Cette vision simpliste et ultra libérale qui voit dans le niveau de salaire de chacun la seule reconnaissance du mérite est une insulte à celles et ceux qui, à leur humble niveau, quel qu’il soit (OP / TECH / INGE) ont “cravaché” pour s’élever lors de leurs études (du CAP au doctorat) et/ou pour évoluer depuis le début de leur carrière malgré certains déterminismes sociaux (milieu social d’origine, évènements de la vie, sexe…) qui, même s’ils ne doivent pas être là pour tout expliquer voire “excuser”, sont bel et bien une réalité.
Du côté de la CGT SOITEC nous ne voulons pas rentrer dans ces débats sans fin et nous reconnaissons depuis toujours la qualification de chaque salarié qui est valorisée par le niveau de salaire correspondant. Toutefois nous souhaitons intégrer dans un tel plan d’actions, comme nous le faisons pour l’intéressement et la participation, une dimension “d’effort collectif” qui est bien une réalité et même une richesse dans une entreprise comme Soitec. En aucun cas en proposant une répartition à 50%/50% (salaire/égalitaire) nous ne remettons en cause l’échelle des rémunérations mais nous permettons de limiter l’augmentation des inégalités, qui existera de fait, via ce nouveau package de rémunération.
Cette vision catégorielle de la CFE-CGC semblant oublier qu’elle ne représente pas seulement le cadres et le middle management qui n’ont pas eu le plan ONYX 2 (cf. ci-dessus) mais également des techniciens et des ingénieurs “de base” nous interroge forcément. Nous n’avons pas à juger ce positionnement syndical, mais c’est toujours mieux quand chacun agit à découvert… C’est dit !
Juste pour rire… Si on pousse leur logique libérale et de performance individuelle à son paroxysme la création d’un effet de seuil significatif entre ONYX 2 (nb d’actions distribués énorme pour peu de bénéficiaires et répartition 100% au salaire) et le plan pour le reste des salariés (nb d’actions moindre et répartition plus équilibrée) devrait justement être considérée comme une source d’émulation exceptionnelle puisqu’elle motiverait les cadres à puiser au fond d’eux-mêmes pour l’entreprise afin de faire partie des plus méritants et donc des mieux rétribués. Nous pensions jusqu’alors que seule une direction pouvait penser de la sorte. Et nous en profitons d’ailleurs pour avoir une petite pensée pour les 35ème, 36ème, 37ème de la liste du MIP (seulement 34 bénéficiaires) qui ont failli voir leur vie changer notablement. Mais voilà, il y a les winners et les autres…
Puisque nous ne mangeons pas ce pain là car nous pensons également “performance collective” et que la CGT SOITEC se veut le syndicat de tous les salariés de cette entreprise, nous avons même proposé que les futurs plans type ONYX 2 puissent être élargis pour limiter cet effet de seuil qui terroriserait le middle management et pour lequel Direction et CFE-CGC se dresse vent debout comme un seul homme.
Encore une fois la direction nous donne depuis le début l’illusion qu’il y a quelque chose à négocier, alors que ce “plan” semble bel et bien déjà ficelé. Si la direction appuyée par la CFE-CGC a déjà pris sa décision sur les modalités d’application et de répartition de ce plan, soit, qu’elle l’assume… Qu’elle assume ce choix et le fait de s’asseoir sur la démocratie sociale de notre entreprise puisque les deux syndicats qui s’opposent à leur position représentent près de 70% des salariés de cette entreprise depuis les dernières élections professionnelles (FO SOITEC défend une répartition 100% égalitaire avec, en plus, un plan type JADE). Vu que nous ne sommes pas dans une négociation encadrée par un cadre légal, toutes les “innovations sociales” (= novlangue RH / cf. 1984) sont possibles… En plus, à la fin des fins, tout le monde pourra éventuellement se cacher derrière le “méchant” Conseil D’Administration qui validera définitivement ce plan car cela fait partie de ses prérogatives.
Une dernière fois, la CGT ne cautionnera pas ce système réparti à 100% au salaire sur un plan d’actions gratuites type PAT qui creuse encore les inégalités et qui causerait une nouvelle fracture entre les salariés de cette entreprise alors que le but est à priori de tirer tout le monde vers le haut en créant une dynamique collective. Ensuite, il faut que chacun ait en tête que ce qui sera distribué sera largement inférieur à tous les plans précédents (calculez le nb d’actions correspondant à 1 mois de votre salaire puis soustrayez les impôts et les éventuels dégâts financiers collatéraux associés).
C’est pourquoi nous avons proposé dans le cas où la répartition serait non négociable de basculer sur les options suivantes :
– un plan d’actions type JADE (achat d’actions préférentiel sécurisé + abondement de la direction), ce qui est appuyé par de nombreux salariés [surtout que dans le cas d’un plan d’actions gratuites standard, la direction a déjà communiqué sur le fait qu’elle supprimerait définitivement notre abondement]
– augmenter significativement notre enveloppe d’intéressement sachant que la négociation du nouvel accord vient de commencer.
Même si la CGT SOITEC ne cesse d’être force de proposition depuis le début de ces échanges et a été historiquement le SEUL syndicat à se battre face à la direction pour des plans pour tous les salariés dès la mise en place du scandaleux MIP (Management Incentive Plan), ne nous trompons pas de combat.
L’actionnariat salarié (dans le cadre d’un plan aussi « modéré » que celui-ci) ne doit en aucun cas devenir notre cheval de bataille. Se battre pour nos salaires, la reconnaissance de nos qualifications, l’amélioration de nos conditions de travail et vous défendre au quotidien restent plus que jamais nos priorités. A bon entendeur…
Commentez sans modération et donnez-nous votre avis ! 😉
Très bonne journée !
La CGT SOITEC le 3 juin 2022 (cgt@soitec.com)