Insuffisance Professionnelle – Décryptage et Autodéfense Syndicale


Depuis quelques mois, la direction de Soitec « se fait plaisir » en invoquant à tout-va le motif de l’insuffisance professionnel pour licencier certains de nos collègues. Quitte à employer de très grosses ficelles !

La CGT Soitec tient à rappeler que l’insuffisance professionnelle n’est pas un motif « passe-partout » dans la mesure où le Conseil de Prud’hommes contrôle et sanctionne l’employeur qui emploie à tort ce motif de licenciement. Malheureusement même si une procédure permet souvent de montrer que le licenciement est sans cause réelle et sérieuse, la réintégration au sein de l’entreprise est exceptionnelle et les indemnités sont généralement plafonnées par les (scandaleux) barèmes Macron. Même si certains tribunaux (dont celui de Grenoble) font de la résistance ! A noter que notre direction, non sans cynisme, se permet parfois d’ « ouvrir [dans sa grande bienveillance] la porte » à une rupture conventionnelle après avoir dégainé cette menace de licenciement. Nous venons de solliciter la direction du travail pour connaître son positionnement sur ce type de chantage qui nous apparaît clairement comme étant illégal.

Pour être caractérisée l’insuffisance professionnelle doit reposer sur des éléments objectifs & matériellement vérifiables. Elle ne peut résulter :

  • d’une carence de l’employeur en particulier liée à ses obligations de formation afin d’assurer l’adaptation du salarié à son poste de travail (article 6321-1 du code du travail)
  • de circonstances extérieures (surcharge de travail, moyens insuffisants mis à la disposition du salarié, équipements défectueux, relations avec la hiérarchie…)
  • d’une qualification insuffisante du salarié lors de son embauche

La jurisprudence apprécie particulièrement certains indices forts relatifs aux compétences du salarié : les entretiens annuels, l’existence ou non de mises en garde préalable, les formations suivies, l’ancienneté du salarié dans l’entreprise…

B3 : un terrain d’expérimentation idéal pour la direction

Comme nous le savons tous, les salariés de Soitec de B3 sont particulièrement sollicités et engagés pour mener à bien le ramp très agressif en cours. Nous ne cessons d’insister depuis des mois sur la nécessité d’un accompagnement RH et d’un management de qualité, pourtant la réalité est parfois bien loin de la bienveillance affichée de façade. Alors que des départs, des situations de mal-être et des burn-out se succèdent depuis des mois, l’insuffisance professionnelle a fait son apparition à B3 pour sortir les salariés qui ne feraient plus l’affaire après avoir été bien pressés, qui ne seraient pas assez corporate, qui oseraient critiquer leurs conditions de travail et/ou qui auraient des difficultés personnelles passagères. Faire payer à quelques-uns des retards de livraison, des problèmes qualité ou des équipements défaillants (parfois suite à des achats hasardeux décidés par le top management) n’est pas acceptable dans un contexte où la solidarité et l’entraide devraient être la norme.

Et concrètement comment se défendre ??? Collectivement !

La CGT Soitec accompagne actuellement plusieurs salariés dans cette situation et nous irons jusqu’à leur victoire en procédure mais traiter uniquement les conséquences de ces pratiques détestables n’est pas suffisant quand on connaît les dégâts psychosociaux occasionnés pour nos collèges. Demain cela pourrait être l’un d’entre nous ! Il faut dès à présent s’attaquer aux causes ce qui passe par resserrer les rangs et lutter contre l’isolement de certain·e·s. Et même si à la CGT Soitec, nous nous attachons à ne jamais généraliser car on parle ici d’exceptions, il nous faut nous-mêmes, en tant que salariés et pour notre entreprise, caractériser et dénoncer l’insuffisance professionnelle réelle de ceux (manager, partenaire RH, dirigeant…) qui sous-couvert de leur positionnement hiérarchique ne sont jamais ou quasiment jamais désavoués malgré leur incompétence et/ou leur aptitude à briser des salariés. En milieu hostile, la meilleure défense sera toujours l’attaque ! Nous sommes régulièrement sur le terrain pour échanger avec vous et à votre disposition (cgt@soitec.com). Prêts à agir ?!

Télétravail : dernière ligne droite !

Ce mardi a eu lieu la dernière réunion de négociation officielle concernant notre prochain accord sur le télétravail (2021-2024). Comme pour l’ensemble des négociations, notre syndicat vous consulte et vous tient informé en temps réel des avancées obtenues via notre communauté CURRENT. Voici les résultats complets de notre enquête [ici] sur le télétravail qui nous a permis d’élaborer notre cahier de revendications.
Comme nous nous y sommes engagés lors des dernières élections professionnelles, la CGT Soitec procédera à un VOTE des salariés sur sa communauté dès que nous aurons reçu la version définitive de l’accord pour savoir si nous devrons le signer ou pas.
VOUS impliquer par la DÉMARCHE DÉMOCRATIQUE est notre PRIORITÉ !

Faire Face à la Pénurie sur les Composants

Depuis plusieurs semaines, certains secteurs clés de l’économie mondiale sont en difficulté pour leur approvisionnement en composants. Ainsi, après avoir enregistré une chute de ventes record liée à la crise sanitaire (-20% en 2020), le secteur de l’automobile est aujourd’hui menacé alors que la demande repart. Partout dans le monde, des constructeurs automobiles se voient contraints de mettre à l’arrêt leurs chaînes de montage en raison de problèmes de livraison de semi-conducteurs (les stocks ont été réduits au minimum par leurs distributeurs durant le second semestre 2020).

L’hyper-concentration du secteur sur quelques fonderies

Ces difficultés s’expliquent avant tout par une dépendance forte de l’ensemble des filières en aval vis-à-vis de quelques très gros acteurs asiatiques de la microélectronique. Depuis des années, de nombreux fabricants de puces ont fait le choix d’une approche dite fabless (entreprise sans usine de fabrication uniquement centrée sur la conception), et passent donc par des fonderies pour leur production. Ainsi NXP Semiconductors, leader mondial de l’électronique pour l’automobile, sous-traite l’ensemble de la fabrication de ses puces avancées chez Samsung et le mastodonte TSMC. Cette fonderie basée à Taïwan produit aujourd’hui 25% de tous les composants semi-conducteurs dans le monde. Connaissant les tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis au sujet de ce pays, on peut s’interroger sur l’hyper-concentration du secteur sur cet acteur. Ces fondeurs font donc la pluie et le beau temps concernant les composants. Actuellement il est clair qu’ils privilégient les marchés grand public, en croissance forte, largement tirés par les smartphones et le secteur internet au détriment des autres filières.

Vers une coalition européenne pour les prochaines générations de puces ?

Alors que la CGT plaide depuis des années pour l’élaboration d’un « Airbus » du numérique, il semblerait que le contexte actuel pousse peu à peu certains décideurs vers notre position. En effet, le commissaire européen, Thierry Breton, appuyé par un rapport récent de l’Institut Montaigne, vise à doter l’Europe d’une fonderie sur son territoire pour produire les prochaines générations de puces les plus avancées et doubler sa capacité de production de puces (passer de 10% à 20% du marché mondial). Les atouts de notre continent pour mener à bien ce projet ambitieux sont majeurs avec des fabricants de tout premier ordre (ST Microelectronics, Infineon, Siemens…), un fournisseur de substrats avancés (Soitec), une R&D tirée par des laboratoires de pointe (CEA LETI, IMEC…) et des équipementiers clés tels qu’ASML pour la lithographie. Au vu de l’investissement considérable à réaliser (au moins 10 milliards d’euros), la coalition industrielle à mettre en œuvre dépasse les seuls acteurs du secteur et doit également englober les leaders des filières en aval (Airbus, Alstom, Philips, Renault, Volkswagen, Bosch, Valeo…). Une telle réussite européenne serait une avancée considérable vers la souveraineté numérique (approvisionnement de notre industrie, sécurité/défense…) dans un contexte de guerre technologique et économique entre la Chine et les Etats-Unis. De plus, elle créerait un cercle vertueux (emplois à tous les niveaux de qualification, R&D…) pour l’ensemble de cette filière des composants avancés, mais également au-delà : assemblage et sous-traitance électronique, équipements industriels, logiciels, réseaux & télécommunications…

Pour en savoir plus, participe à notre journée d’étude sur la filière que nous organisons avec la CGT de ST Microelectronics : ici

Le tract ici

La CGT Soitec, le 26 février 2020

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